CAMEROUN PRESSE INFOS

CAMEROUN PRESSE INFOS

RUBEN UM NYOBE


Ruben Um NYOBE est incontestablement le camerounais qui a clairement pensé, étudié, formulé et porté la question de l’indépendance de son pays et de la cause africaine. Il est de ce fait La grande figure de la cause indépendantiste et de la lutte contre l'oppression au Cameroun. Il voit le jour en 1913 à SongPeck près de Boumyebel dans l'arrondissement d'Eséka, (département du Nyong et Kellé). Fils de Nyobé NSOUNGA et de NGO UM NONOS, il fait ses études primaires dans les écoles locales des missionnaires presbytériens.

 

En 1931, il intègre l'école normale de Foulassi dans le Sud du Cameroun ; il en est renvoyé de cet établissement l'année où il doit obtenir son diplôme de fin d'études, suite à une grève dont il est le principal instigateur. Il reproche aux enseignants blancs de l’époque, la condescendance et le mépris qu’ils manifestent vis-à-vis des élèves africains. Il obtient son diplôme de fin d'études, en tant que candidat libre.

 

Il poursuit ses études en travaillant et obtient par correspondance sa première partie du baccalauréat en 1939. A partir de ce diplôme, il est fiché par la police coloniale comme étant un indigène dont il faut à tout prix empêcher l’affranchissement. Contraint d’abandonner ses études, Il se consacre au travail. Il est affecté au greffe du tribunal d'Edéa et se passionne pour le droit. Il découvre l'injustice à laquelle sont soumis les Camerounais, à travers le système d'indigénat. A la même période, il fait la connaissance d’un instituteur communiste français, du nom de Gaston DONNAT affecté disciplinairement au Cameroun.

 

Ensemble, ils lancent un cercle de réflexion d’obédience marxiste qui marque un tournant décisif dans la vision idéologique de Ruben Um Nyobè. Il adhère à la JEUCAFRA en 1936 (jeunesse camerounaise française), où il rencontre d’autres camerounais, tels Paul Soppo Priso, Charles Okala... Il n’y restera pas longtemps pour incompatibilité d’orientation et d’objectifs politiques ; il crée avec d’autres camerounais quelques années plus tard, le RACAM (Rassemblement Camerounais) qui sera interdit un mois après sa création. Entretemps il devient militant syndicaliste au sein de l’USCC (Union des Syndicat Confédérés du Cameroun) dont il devient le secrétaire général adjoint. Il va alors consacrer son énergie à créer une multitude de syndicats qu'il réussit à fédérer en unions syndicales régionales puissantes. UM NYOBE pense que l'indépendance seule peut permettre l'amélioration du sort des travailleurs et des masses laborieuses. Pour cette raison il lègue la conduite syndicaliste à ses camarades et notamment à son ami Jacques Ngom. L'indépendance du Cameroun devient alors pour lui, un objectif stratégique.

 

En 1946, la France autorise les activités politiques au Cameroun. Il saisit cette occasion et se rend à Abidjan à la création du RDA (Rassemblement Démocratique Africain) où il rencontre tous les autres progressistes africains, dont Houphouët Boigny, Modibo Keita, Sékou Touré, … Il en devient le vice président.

 

Le 10 Avril 1948, UM NYOBE avec d'autres patriotes créent l'Union des populations du Cameroun (UPC), qui devient la section camerounaise du RDA. Astucieusement et pour faciliter la reconnaissance du parti, ils décident d'un commun accord de ne pas apparaître officiellement sur les documents de déclaration. C’est la raison pour laquelle on retrouve comme membres fondateurs Etienne Libaï, fonctionnaire de la Météo, Léonard Bouli (qui sera le tout premier secrétaire général du mouvement nationaliste), président de l’association des Bétis de Douala et ex camarade de service à la justice de Ruben Um Nyobè. Après plusieurs hésitations des autorités coloniales, le parti est reconnu le 9 juin 1948. Aussitôt, UM NYOBE se dévoile et apparait le 17 Juin à Abidjan comme le représentant officiel de l'UPC au Congrès du Rassemblement Démocratique Africain. Il saisit l’occasion et pose clairement la question de la lutte de libération des peuples opprimés d’Afrique, et fait l’état de l’avancement de la question de la lutte de l’indépendance du Cameroun devant ses pairs.

 

De retour au Cameroun, il organise un congrès ordinaire de l’UPC à Dschang au cours duquel il officialise sa fonction de secrétaire général du Mouvement nationaliste et fait de Djoumessi Mathias président de l’UPC et par ailleurs président de l’association communautaire LEKUMZE, regroupant l’ensemble des ressortissants de l’ouest Cameroun. Le Ngondo et l’association AFULNA MEYONG du sud Cameroun en deviennent aussi membres de l’UPC.

 

Le 12 décembre 1952, il prononce à la tribune des Nations Unies à New York, un réquisitoire contre la France devant la commission de tutelle. Dans ce réquisitoire il démontre que la France administre le Cameroun de la même façon que ses propres colonies, avec l'intention de l'incorporer dans l'empire français. Pourtant, le Cameroun est une pupille de l'ONU qui en a seulement confié la tutelle à la France. Il dénonce les lenteurs de la France dans la mise en place des reformes politiques au Cameroun. De retour au Cameroun début 1953 UM NYOBE organise une assemblée populaire, au cours de laquelle il fait imprimer et distribue le texte de son intervention aux Nations Unie. Après concertation, un mémorandum est rédigé sous l’intitulé : «Que veut le Cameroun ? » Dans ce texte on peut retenir que le Cameroun veut la réunification des deux Cameroun d'une part et l'indépendance d'autre part.

 

UM NYOBE qui a trouvé une tribune attentive à l'ONU y retourne en Décembre 1953 où il présente le mémorandum et accuse encore la France de retarder l'émancipation du Cameroun. En Janvier 1954 il demande à la France d'organiser un referendum sur la question de la réunification et de fixer un délai pour la fin de la tutelle et l'accession à l'indépendance. Dès lors il fait l'objet d'une surveillance stricte des autorités françaises. Le 18 avril 1955 son domicile est attaqué par la Police. Sa femme et une vingtaine de ses partisans sont pris en otage. Um Nyobè se réfugie à Boumnyebel, son village natal. C'est le moment que choisit l'église catholique pour mettre en garde les fidèles à travers une lettre pastorale signée de Monseigneur Graffin contre l'UPC taxée de d’obédience communiste.

 

A la suite de la publication de cette lettre pastorale, des incidents éclatent entre les indépendantistes de l'UPC et les anti-indépendantistes animés par BDC (Bloc démocratique Camerounais).

 

Dans certaines localités, les missionnaires sont agressés et les biens de l'église saccagés. Um Nyobe et ses partisans gagnent le maquis dans la forêt de Boumnyebel pour poursuivre leurs activités politiques dans la clandestinité. Félix Roland MOUMIE qui devient président officiel de l'UPC au Congrès d’Eséka en 1952, avec d'autres leaders, Abel Kingue, Emest OUANDIE (tous deux Vice présidents) se refugient a Kumba. De Kumba ils s'exilent à l'étranger. UM NYOBE resté au Cameroun, incarne désormais tout seul, I'UPC sur le sol colonial. Les Français qui savent qu'il est de l'aile la plus modérée du parti et qu'il est le plus populaire et le plus écouté des leaders de l'UPC, lui envoient plusieurs délégations (dont la première conduite par Monseigneur Thomas Mongo, évêque de Douala) pour le convaincre de sortir du maquis avec ses partisans et négocier. Mais UM NYOBE demande des garanties politiques, notamment la réhabilitation de son parti, I'UPC, ce que la France refuse.

 

Le 11 juillet 1955, Houphouët Boigny convoque une réunion du Rassemblement Démocratique Africain (RDA) à Conakry en Guinée. Au cours de cette réunion, la décision est prise d’exclure l’UPC définitivement du Mouvement panafricain. Sékou Touré s’y oppose, mais il est mis en minorité. Le 13 juillet, la dissolution de l’UPC est prononcée par l’administration coloniale française. A partir de cette date, l’UPC devient un mouvement essentiellement clandestin. La France réagit avec une violence inouïe et Um Nyobè est contraint à la clandestinité. Il installe sa base dans son village natal à Boumnyebel.
Au début du mois de Septembre 1958, les militaires français localisent son poste de commandement le grand maquis à Mametel avec l’aide d’un guide du nom de Makon ma Bikak. Informé, UM NYOBE quitte Mametel le 10 Septembre en pleine nuit sous une pluie battante avec huit de ses fidèles (Yem Mback -commandant de la branche armée du mouvement CNO-, Yembel Nyebel -son secrétaire particulier-, son épouse portant son fils Daniel Ruben Um Nyobè-, Mayi Matip Théodore –président de la Jeunesse Démocratique Camerounaise JDC- Ils décident d'aller se cacher dans le maquis dirigé par Alexandre Mbend Liot. Le lieu de rendez-vous est une grotte secrète lia ii njee qui signifie la tanière des lions. Um Nyobe décide alors de dépêcher deux éclaireurs au village le plus proche. Leur mission est de ramener un guide capable de conduire le groupe jusqu'au maquis de Mbend Lio t.

 

Mais le 13 Septembre, Mayi Matip fait un tour dans un village voisin et en revient avec une montre toute neuve remarquée par Ruben Um Nyobè qui constate que Mayi Matip scrute en permanence cette montre. A un moment donné Mayi Matip prétexte une envie de se soulager et se désolidarise du groupe. C’est à ce moment qu’avant le retour des éclaireurs, des coups de feu éclatent. Yem Mback est tué a bout portant ainsi que les deux femmes du groupe. Um Nyobe est identifié par les indicateurs qui accompagnent la patrouille. II est sans arme et tient à la main un cartable qui contient ses documents et son agenda personnel. Paul Abdoulaye, soldat d'origine Sara (Tchad) enrôlé par I' armée française, ouvre le feu sur lui. II est atteint au dos et meurt dans d'atroces souffrances. Theodore Mayi Matip échappe au massacre. Le corps de Um Nyobe est enroulé dans un drap puis traîné jusqu'a Boumnyebel où il est exposé au public pour confirmer et témoigner de sa mort réelle.

 

Il a été enterré le plus sobrement du monde en présence d’un proche parent par ailleurs pasteur, le révérend Song Nlend.

 

Ruben UM NYOBE is indisputably the Cameroonian who clearly thought, studied, formulated and carried the problem of independence of his country and African causes. He is for this fact the greatest figure for the independence movement and for the fight against oppressions in Cameroon.

 

He was born in 1913 at Song Peck, near Boumnyebel, in the Eseka sub division (Nyong and Kelle division). Son of NYOBE NSOUNGA and of NGO UM NONOS, he did his primary studies in Presbyterian missionary schools of the locality.

 

In 1931, he integrated the Foulassi School in South Cameroon. He is dismissed of this institution the year he was to obtain his end of course certificate, following a strike in which he was the principal instigator. He blamed the white teachers of contempt and condescension towards African pupils. He obtained his end of course certificate as an external candidate.

 

He continues his studies while working and obtains by correspondence his first part of baccalaureate in 1939. From this certificate he is indexed by colonial police as being an indigenous whose liberation has to be hindered. Forced to abandon his studies, he devotes himself to his work. He is transferred to the registration office of the Edea court and becomes a passionate of law. He discovers the injustice with which Cameroonians are treated through the system of denegation. At the same period, he becomes acquainted to a French communist teacher Gaston Donnat, transferred disciplinary to Cameroon. Together, they created a reflexion circle of Marxist obedience and this is the turning point of Ruben UM NYOBE ideas. He joins the JECAFRA (French Cameroonian Youth) in 1936, where he meets other young Cameroonians like Paul SOPPO PRISO or Charles OKALA. He did not stay there for long, because of orientation incompatibilities and political objectives. He created the RACAM (Cameroonian movement) with other Cameroonians few years later but this movement is forbidden one month after its creation. In the mean time, he becomes a militant of a trade-union within the USCC (Cameroon Confederates Trade Union). There he becomes the vice secretary general. He will then devote his energy in creating a multitude of trade-unions, which he succeeded in transforming in strong regional trade-unions.

 

UM NYOBE thinks that only independence can improve the fate of workers and mass labor. He bequeaths his unionist conduct to his fellow-men, particularly his friend Jacque NGOM. The independence of Cameroon for him becomes a strategical objective.

 

In 1946, France authorizes political activities in Cameroon. He uses this opportunity and goes to Abidjan, at the creation of RDA (African Democratic Movement) where he meets other African progressists like Houphouët BOIGNY, Modibo Keita, and SEKOU TOURE. He becomes vice president on the 10th of April 1948. UM NYOBE with other patriots creates UPC (Cameroon Population Union) which becomes the Cameroonian section of RDA. In order to facilitate the recognition of the party, he agrees with the others not to appear officially on the declaration documents. That is why we find as founder members, Etienne LIBAI (civil servant of weather), Leonard BOULI (who will be the first secretary general of the nationalist movement) president of the Betis Association of Douala and ex colleague of UM NYOBE at the court. After many hesitations of the colonial authorities, the party is recognized on the 9th of June 1948. Quickly, Um NYOBE unveils himself and appears on the 17th of June in Abidjan as the official representative of UPC in the Congress of the African Democratic Movement. He uses this opportunity to pose clearly his problem of the fight for the liberation of the oppressed African people and also poses clearly the problem of independence of Cameroon before his fathers.

 

Back to Cameroon, he organizes an ordinary congress of UPC at Dschang during which he becomes officially the general secretary of the nationalist movement and makes DJOUMESSI Mathias, president of UPC, who was elsewhere president of the community association LEKUMZE, regrouping all the natives of the western Cameroon. The Ngondo and the association of AFULNA MEYONG of south Cameroon also became members of UPC.

 

On the 12th of December 1952, he pronounces at the United Nations stand in New York, an indictment against France before the commission that suspended them. In this indictment, he demonstrates that France rules Cameroon in the same manner as its proper colonies, which France has the intention of incorporating Cameroon in the French empire, but Cameroon is the pupil of UNO, which gave it to France for supervision. He denounces the slowness of France in the process of putting in place the political reforms of Cameroon.

 

Back to Cameroon early 1953, UM NYOBE organizes a popular assembly during which he types and distributes the text of his intervention to the United Nations. After dialogue, a memorandum is written and titled “What wants Cameroon?”. In this text we can retain that Cameroon wants the reunification of the two Cameroons on one side and the independence on the other one.

 

UM NYOBE who found an attentive platform at UNO, returned there in December 1953, where he presented the memorandum and accused France of retarding the emancipation of Cameroon. In January 1954, he asks France to organize a referendum on the question of reunification and to fix a dead line for the end of the supervision and the accession to independence. From there, he is under strict control of the French authorities. On the 18th of April 1955, his home is attacked by the police. His wife and twenty of his followers are taken hostage. UM NYOBE runs back to his native village, Boumnyebel. At that moment, the Catholic Church chooses to warn his followers through a pastoral letter signed by his lordship Graffin against UPC, taxed of communist obedience.

 

Following the publication of this pastoral letter, there were some incidents between the UPC independentist and the anti independentist of BDC (Cameroonian Democratic Bloc). In some localities, missionaries were attacked, the belongings of church destroyed. UM NYOBE and his followers went underground in the forest of Boumnyebel to continue his political activities.

 

Félix Roland MOUME who became the official president of UPC in the Eseka Congress in 1952 with other leaders (all the two vice presidents) ran away to Kumba from where they went on exile abroad.

 

UM NYOBE, who remained in Cameroon, carried UPC alone on the colonial ground. The French who knew that UM NYOBE is the most popular and the most listened of all the leaders of UPC, sent many delegations (the first led by his lordship Thomas MONGO), to convince him to come out of the ground with its followers and negotiate. But UM NYOBE asks a certain political assurance, precisely the rehabilitation of his party UPC, and France refuses.

 

On the 11th of July 1955, Houphouët BOIGNY convenes a meeting of the African Democratic Movement (RDA) at Conakry in Guinée. During this meeting, it is decided that UPC should be excluded definitively from the panafrican movement. SEKOU TOURE is against but is the minority. On the 13th of July, UPC is dissolved by the French colonial administration. From this moment, UPC becomes a clandestine movement. From this moment UPC becomes a clandestine movement. France reacts violently and UM NYOBE is obliged to live clandestinely. He puts his base in his native village at Boumnyebel. At the beginning of the month of September 1958, the French army discovers his post of commandment at Mametel helped by a guide named MAKON MA BIKAK. Informed, UM NYOBE leaves Mametel on the 10th of September by night under a heavy rain with eight of his followers (YEM BACK, YEMBEL NYEBEL, his secretary, his wife carrying his child Daniel Ruben UM NYOBE, MAYI MATIP Theodore (president of the Cameroon Democratic Youth - JDC). They decide to go and hide underground with the group of Alexandre MBEND LIOT. The place of appointment was a secret groove “Lia li njéé” which means the tanière of lions. Um NYOBE decides to send two men to the neighboring village. Their mission was to bring a guide able to conduct the group to Mbend Liot groove.

 

But on the 15th of September, MAYI MATIP goes to the neighboring village and comes back with a new watch and UM NYOBE notices that MAYI MATIP looks at this watch permanently. At a moment, MAYI MATIP excuses himself that he wants to go and ease himself and then, goes away from the group. At that moment before the return of the two men, fire is opened: YEM BACK is killed, even the two women of the group. UM NYOBE is identified by the indicators accompanying the army. He does not have a gun and carry in his hand a bag containing his documents and his personal diary. Paul Abdoulaye, a Chadian soldier recruited in the French army opens fire on him. UM NYOBE is touched by a bullet and dies under serious suffering. MAYI MATIP is saved from the massacre. The body of UM NYOBE is tied in a bed sheet and taken to Boumnyebel where it is exposed to the public so to confirm that he is really dead. He was buried secretly in the presence of one family member, Pastor reverend SONG NLEND.



22/02/2014
0 Poster un commentaire

A découvrir aussi


Ces blogs de Politique & Société pourraient vous intéresser